jeudi 31 mars 2011

II- Le trafic d'armes dans le monde

1. La Provenance

Il faut tout d’abord savoir que l’apogée du trafic d’arme commença suite à la course à l’armement engendrée par la Guerre Froide pour faire face à une éventuelle Troisième Guerre Mondiale. En 1991 à la chute de l’URSS, tous les stocks d’armes et de munitions devinrent inutiles. Donc des millions d’armes et de munitions étaient à détruire. Cependant, les coûts de destruction trop élevés ont amené à des solutions moins coûteuses. Par exemple, la Grande-Bretagne a jeté certains de ses stocks dans la mer du Nord et l’Océan Atlantique. Après la fin de la Guerre froide et de l'effondrement des systèmes étatiques en Europe de l'Est, d'importants stocks d'armes ont été dispersés par une partie de l'ancien appareil d'État. L'URSS n'avait pas pour premier objectif la destruction de ses armes. Elle fut donc la proie de nombreux trafiquants d’armes qui profitèrent de la discorde politique pour s'emparer des stocks. Entre 1982 et 1992, 32 milliards de dollars d'armes ont été ainsi dérobés dans la seule Ukraine.

Ensuite, une partie des armes illégales provient de vols ou de pertes ; environ un million d’armes sont perdues ou volées chaque année y compris par des forces de sécurité internationales. Il s'agit de la source principale des armes de la criminalité (braquage). Selon Small arms survey 2001, les armes illégales représentent 10 à 20% du nombre total d'armes.

Dans le film Lord of War, les forces d’intervention de pays occidentaux qui se retirent de zones de conflit laissent leurs armes sur place, car le rapatriement de celle-ci est plus coûteux que l’achat de nouvelles armes. Ce sont entre autres ces armes qui intéressent les trafiquants. Rachetées à bas prix à des généraux, elles sont revendues au kilo, un peu plus cher. Mais les prix de reventes dans les zones de conflit sont toujours très moindres par rapport au prix neuf, elles sont donc accessibles à tous les belligérants.

2. La Destination

Dans les années 1990 l'accroissement des conflits localisés, mettant aux prises des armes irrégulières, a favorisé l'essor de la demande. De plus, l'accroissement des règles internationales (embargo international sur les armes sur un pays, renforcement des contrôles...) ont favorisé la demande d'armes livrées illégalement. Les zones où les armes illégales sont le plus achetées actuellement sont le Soudan et la République Démocratique du Congo et la Chine. Les conflits en ex-Yougoslavie, en Sierra Leone, en Érythrée et en Colombie ont été alimentés par des armes illégales.

 
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3. Qui ?
 
Le business des armes en Afrique, la plupart du temps lié à celui des diamants ou du pétrole, associe une multitude d'acteurs, des plus célèbres aux plus discrets. Il a ses «vedettes», Arcadi Gaydamak, Victor Bout, Pierre Falcone, et incidemment Charles Taylor. Il a aussi ses hommes de l'ombre, comme l'homme d'affaire Libanais Talal El-Ndine, un homme clé de l'entourage du président libérien, qui servirait, entre autre, d'interface avec les marchands d'armes et se chargerait d'attirer les investisseurs. On y rencontre également d'ancien militaires sud-africains, tel que Fred Rindel, qui fut attaché militaire à Washington avant d'entraîner les Unités anti-terroristes libériennes, constituées d'anciens rebelles et de ressortissants sierra-léonais, burkinabés, nigériens ou gambiens ; mais aussi des hommes d'affaires véreux comme Sanjivan Ruprah, un Kenyan d'origine indienne, qui a longtemps travaillé pour la société d'exploitation minière Branch Energy, liée à la société de mercenaires sud-africains Executive Outcomes. La liste est longue et non exhaustive.

4. Comment ?

A l’aide de sociétés-écran et de complicités officielles
Le rapport des Nations Unies évoque, parmi beaucoup d'autres, le cas d'une cargaison de 68 tonnes d'armes arrivées à Ouagadougou le 13 mars 1999. D'après le gouvernement ukrainien, elles auraient été livrées dans le cadre d'un contrat conclu entre une société basée à Gibraltar représentant le ministère de la Défense du Burkina Faso et une société d'Etat ukrainienne, Ukrspetsexport. Selon un document signé du chef de la garde présidentielle burkinabé, le lieutenant-colonel Gilbert Diendéré, la destination finale du «colis» était officiellement l'ex-Haute Volta. En réalité, elle aurait été transportée par camion à Bobo-Dioulasso avant d'aboutir au Liberia.
Une technique de fraude consiste à l'achat d'armes légalement par un État, qui les réexpédie illégalement ensuite ; la Chine a ainsi été critiquée à plusieurs reprises, notamment lors de la vente de 50 hélicoptères par la France .

Par avion
En dehors de l'Afrique, les Emirats arabes unis, jouent un rôle crucial en raison du laxisme de leur législation sur les compagnies aériennes. Un grand nombre de petites compagnies aériennes servant au transport de matériel militaire, y sont basées, dont celle de Victor Bout. Ce dernier dont Andrew Niccol s’inspire très largement pour créer Yuri Orlov, est devenu propriétaire ou utilisait plusieurs compagnies aériennes pour transporter ses armes, comme Air Cess (basée à Charjah, aux Émirats arabes unis), Aerocom, TransAvia et Centrafrican Airlines. À l’apogée de ses activités, il aurait eu à sa disposition une soixantaine d’avions, soit la plus grande flotte privée au monde.

Par voie maritime
Les armes sont aussi acheminé par voie maritime. Dans le Lord of War, des cargaisons d'armes sont cachées sous des pommes de terre dans des conteneurs. Le trafiquant fait repeindre le nom du cargo après avoir été prévenu par un informateur qu'Interpol était à ses trousses. Le changement d'indentité du navire et le camouflage de la cargaison ont permis de berner les agents internationaux. Ces faits du film se sont réellement produits.  

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